Et voilà, je suis de retour à Shanghai. Le retour à été difficile. Je me souviens d’une amie qui disait sur le ton de la plaisanterie qu’il fallait prévoir des anti-dépresseurs si je comptais aller en Thaïlande non pas pour le voyage, mais pour le retour. Je comprends maintenant le sens de ses paroles qui sont tout aussi valable pour les Philippines. On passe de 30 à 0 degrés, des short/tongs au gros manteau, du ciel bleu ensoleillé à la grisaille polluée. De plus je suis revenu juste lors du nouvel an chinois, mon quartier est désert, tout est fermé, c’est la croix et la bannière pour manger autre chose que des nouilles instantanées…
Du coup, si le retour a été si difficile, vous imaginez bien que les Philippines étaient formidables. Alors, allons-y ! J’ai beaucoup de choses à vous raconter ! Mais avant d’attaquer, je vous met en garde : je risque de m’attarder dans des détails infinis. Précisons que j’écris ces articles sur les Philippines en pensant principalement à ma famille et mes amis très proches à qui j’ai le souhait de faire goûter exactement mon ressenti. Y compris les détails. Et puis de toute façon, pour lire un blog, il faut avoir du temps !
Il est 5h00, nous sommes parachutés à l’aéroport international de Manille, la capitale. Le temps de récupérer les bagages, on arrive tout juste pour le lever du soleil. Dès la sortie de l’avion la température fait un sacré choc après l’hiver Shanghaïen, ça me rappelle mon premier jour à Taïwan. Mais cette fois ci, la température ne dépasse pas 30°C en pleine journée, contre 40°C pour Taïwan. On a parfaitement prévu notre voyage, janvier et février sont les mois idéaux pour visiter les Philippines : température idéale, ensoleillement maximal et faibles précipitations.
Nous avons réservé une chambre pour une première nuit sur Manille. Partir directement aurait été un peu précipité, on aura donc 24h pour explorer. Pour 10 euros par personne, nous avons loué une « suite » (certes avec deux pièces mais rien à voir avec quelque chose de luxueux) pour 6 personnes. Un chauffeur nous attend à l’aéroport qui nous conduit en 20 minutes à notre hôtel économique, situé dans un quartier excentré.
Un devant, trois derrière et deux dans le coffre avec les bagages. Pas de problème, on est aux Philippines ! Très vite on se retrouve dans un quartier plutôt démuni, avec des odeurs nauséabondes et des ordures qui traînent. Mais ça ne m’empêche pas d’être ébahi. Je vole quelques clichés.
On passe aussi devant un petit marché, on salive d’avance devant les étalages de fruits exotiques. Je ne le sais pas encore, mais je vais manger les meilleurs mangues de ma vie :) Chose intrigante, on croise des barrages régulièrement avec des gardes armés. On s’en rend compte petit à petit mais il y a des gardes partout, ça fait tout drôle.
On arrive à l’hôtel, un coq nous accueille dans la cour en chantant. Pas la peine de lever le petit doigt, nos bagages sont immédiatement pris en charge. Une fois à la chambre, la nuit blanche commence à se faire sentir. On décide d’aller prendre un petit déjeuner, puis de dormir quelques heures. Ah, au passage, ce petit déjeuner fût un délice : non pas qu’il soit exceptionnel en lui même, mais après 6 mois de nourriture chinoise on commençait tous à faire une overdose. Au menu : oeufs brouillés, bacon, pain grillé et beurre.
Je me souviens encore gravissant les marches menant à la salle à manger. On a été accueilli en musique, la pièce baignant dans le soleil qui pénètre hardiment à travers les carreaux. On est accueilli comme des rois, on est fatigués, mais heureux. Les vacances peuvent commencer.
Vers midi on commande deux taxis. Commence alors notre première expérience de touriste aux Philippines ! Obligés de se séparer en deux voitures, on demande aux conducteurs de nous amener au même endroit dans l’intra-muros. Il semblent comprendre et être d’accord. L’un d’eux me dit : 500 pesos et c’est d’accord. Déstabilisé, j’acquiesce vaguement. Aussi sec, il est déjà dans son taxi et part en trombe avec 3 de mes amis. Trop tard, je viens de me faire avoir. Je l’apprend plus tard mais il faut toujours demander le taxi-meter. La course nous à coûté le double du prix normal.
Petit aparté, non je ne parle pas le tagalog (la langue locale), ce sont les philippins qui parlent très bien anglais, et ce à tous les ages et toutes les classes sociales. Nous avons été très surpris, mais tout est en anglais. Les publicités, les affiches, les panneaux, la télévision et la radio. Entre eux les philippins parlent cependant tagalog. Après la Chine, c’est le paradis pour nous anglophones. Les portes du pays s’ouvrent en grand !
Mais malgré que nous ayons payé la course une fortune, les deux conducteurs se perdent et nous déposent à des endroits différents. Sans portable, impossible de nous retrouver. Tant pis, on continue à trois. Dès que l’on pause le pied sur le macadam de l’intra-muros, une volée de jeune philippins se jettent sur nous et nous proposent (nous imposent ?) une balade en tricycle pour visiter. On refuse en bloc, on est pas très à l’aise. Il faut dire que l’on a une nuit blanche dans les pattes, que l’on a été mis en garde à maintes reprises de la dangereuse Manille. On reste sur nos gardes. On continue et découvre une église :
Les philippins sont très pratiquants. On peut lire des phrases telles que God bless us (Dieu nous bénisse) un peu partout. Si je me trompe pas, cela est dû à l’ancienne forte influence espagnole. Je prend aussi un cliché du palais du gouverneur.
Rien de très exceptionnel me direz vous… Non c’est vrai, nous avons été pris au dépourvu, sans carte, sans but, on erre dans les rues. Je plus focalisé sur les gens, leur façon d’être et de parler. J’arrive à attraper sur le vif un tricycle avec deux enfants qui laissent leur pieds traîner à l’arrière, au risque qu’ils se blessent.
Et puis il est temps de manger. Mon premier vrai repas philippin :) On rentre dans un restaurant au hasard et se rend au comptoir. Quel plaisir de pouvoir parler anglais ! Je demande conseille à la vendeuse qui me commande du porc, du poulet du riz et quelques légumes :
Quitte à me répéter, la nourriture est une vraie bénédiction après 6 mois à manger des os et de la peau. Oui, en chine quand on commande du poulet on a tout sauf la viande… Lors de la commande, tout le personnel arrête son travail et se focalise sur moi. J’ai bientôt 6 serveuses qui rigolent entre elles tout en me lançant des regards furtifs. Soutenant leurs regards, je lance mon meilleur sourire colgate. Ça fonctionne, elles me demande d’où je viens. De France pardi !
En tout cas, on peut dire que l’on a attiré l’attention. Une fois le repas fini, on décide de demander conseille à ces charmantes demoiselles. Elles se plient en quatre pour nous aider. Nous voulons nous rendre dans un endroit avec un wifi gratuit. Ni une, ni deux, elles appellent leur garde (il y en a partout) à qui elles donnent une consigne. Aussitôt, le garde nous prie de le suivre, nous ouvre la porte et hèle une Jeepney. Une jeepney c’est une sorte de bus public. On monte dedans, paye quelques pesos et c’est parti pour un tour ! J’ai adoré les jeepneys car les conducteurs décorent à loisir leur propre véhicule, et il n’y a pas de limite. Certains sont rutilants ! Magnifiques même ! La ville entière est colorée grâce à ces véhicules folkloriques. En voici quelques-unes (je n’ai rien de mieux comme photos, je n’avais pas le temps) :
Celle du dessous était magnifique. Le capot était transparent, en plexiglas et on pouvait voir les pistons en mouvement. Rutilante, tout en chrome. Au volant un jeune avec un bandana sur la tête.
Sans même avoir le temps de dire ouf, on se retrouve propulsé dans une jeepney publique en direction de SM Manilla, un supermarché du centre ville. Superbe expérience ! On se retrouve en compagnie de quelques philippin forts aimables qui nous font remarquer qu’il faut payer 8 pesos chacun (15 centimes d’euros) pour nous rendre à destination. On ne peut pas se déplacer dans le véhicule qui est trop petit et surtout qui bouge à tout va. Je manque de tomber plusieurs fois. La technique est de passer l’argent de personne en personne jusqu’au conducteur. Celui-ci d’un seul coup d’oeil arrive à savoir qui paye, et combien rendre de monnaie. Le tout d’une seule main. Sidérant… La circulation est ultra dense, chaotique et la moindre faute d’inattention peut coûter cher, mais le conducteur, décontracté, semble piloter son bolide avec le petit doigt.
Vous pouvez découvrir ici deux de mes comparses : Nicolas et Adrien. Pour le reste de la journée, rien de bien intéressant. On s’achète une carte sim locale, de la crème solaire, de la crème anti-moustique… Ah si tout de même, une monument intrigant avec le sigle KKK.
Et puis il faut aussi que je vous parle de l’ambiance de la ville. Ça bouge, c’est dynamique. J’ai ressenti une énergie énorme dans cette ville, beaucoup de sourires, de véhicules pétaradants, de jeunes. On ne passait bien-sûr pas inaperçu, et il fallait rester vigilant pour ne pas se faire avoir sur un prix ou pour ne pas se retrouver avec 15 personnes autour de nous à nous quémander mille et une chose. Mais on en s’en sorti sans problème, 6 mois en Chine m’ont durci la peau.
Le soir on déguste juste une petite San Miguel, la bière locale, avant d’aller récupérer de la nuit blanche. Au retour, on réussi à se faire encore avoir par un taxi, mais c’était à moitié de notre faute à cause d’une erreur d’adresse. Mais qu’importe ! armé de crème solaire, nous sommes fin-prêt pour la prochaine étape de notre voyage et enfin quitter cette ville sulfureuse. Les cocotiers n’ont qu’à bien se tenir.